Les enjeux sur la nouvelle organisation panafricaine Etats-Unis d’Afrique : mythe ou réalité ?
Au lieu de penser à restructurer les textes de l’Union Africaine afin de répondre aux réalités nouvelles de la planète, dominées par les flux de la mondialisation, couvert par l’hégémonie Américaine et le néo-colonialisme Français, les dirigeants Africains ont plutôt posés les repères sur un véritable édifice utopique : les Etats-Unis d’Afrique.
Mouammar Kadhafi, guide de la révolution Libyenne, souhaite amplifier son statut et devenir celui de la révolution Africaine. Les interrogations sur cette nouvelle organisation panafricaine se soulèvent de jour en jour. Les plus marquantes sont les suivantes : Quels sont les obstacles à surmonter pour y parvenir à édifier les Etats-Unis d’Afrique? Quels sont les défis à relever afin d’assurer la survie d’un tel projet ? Est ce possible ? Mythe ou réalité ?
Ce que nous envisageons ici est de souscrire que plusieurs facteurs tant politiques, économiques et sociologiques présenteront des obstacles pour l’aboutissement et le fonctionnement des Etats-Unis d’Afrique. Sans aucune négligence des agitations internationales, c’est donc dans ces contextes que nos attentions doivent prendre départ.
A voir près, les obstacles politiques sont marqués par un manque de volonté chez les chefs d’Etats. Les inquiétudes de ces derniers résultent sur l’abandon de certains aspects de leur souveraineté. Obsédés du pouvoir, les chefs d’Etat d’Afrique, dans la plupart d’entre eux, n’ont aucune conviction d’atténué une partie de leur pouvoirs exclusives tels : les relations internationales, la défense extérieur, la monnaie… Autrement dit, les dirigeants africains ont le choix entre concéder ou ne pas concéder ces aspects de la souveraineté de leurs Etats au profit d’un pouvoir exécutif supranational suscité par une union des africains. D’ailleurs certaines agitations telles celles du président Gabonais nous présentent les meilleurs exemples. Omar BONGO affirmait tout haut, d’une manière claire et déterminée que « le Gabon ne concédera aucun aspects de sa souveraineté ».
Loin de considérés les propos du chef de l’Etat Gabonais comme une déclaration bénigne, cette position laisse clairement entrevoir que le refus d’abandon des souverainetés constitue un obstacle clés pour la construction d’un Afrique unie ayant seul le droit de représenter les Etats africains dans les relations internationales.
En effet, si les chefs d’Etats sont par mimétisme de leur confrère Gabonais, jaloux de leur indépendance et de leur souveraineté et déterminé par une attitude protectionniste, il est clair que par respect du principe volontariste, le projet d’union du continent demeurera une véritable chimère utopique. Cette volonté de sacralisation, de sanctification, de divination de la notion de souveraineté d’Etat constitue donc la charpente de cet obstacle. En effet, comme la politique est toujours liée à la domination et à la soumission, nous ne pouvons donc pas exclure les obstacles du leadership dans notre démarche. Ces derniers tiennent lieu dans une lutte de pouvoir entre les Etats.
La lutte de leadership veut dire que chaque Etat cherche à s’émerger, à avoir plus d’influence sur le continent. L’illustration la plus palpable nous vient de l’Afrique du Sud et de la Libye qui vivent à ces derniers temps sous un climat de guerre froide. Celle-ci est bien déterminée lors de la crise Comorienne sur l’île d’Anjouan, quant à la position de chacun. L’Afrique du sud optait pour une résolution pacifique de négociation tandis que la Libye, qui dénonça les manigances de Thabo Mbeki, président de l’Afrique du sud, s’est résolue à résoudre la crise par les moyens militaires.
L’analyse qu’on peut porter à partir de cette crise, c’est que chacun des ces Etats voulait s’exhiber comme étant « le prophète » qui a sauvé l’union des Comores pour mettre fin au séparatisme Anjouanais.
En effet, ce rêve de leadership de certains de ces Etats d’Afrique peut, incontestablement, diviser, paupériser, et empêcher la réalisation d’une unité continentale.
Enfin, pour compléter notre analyse, une étude sur les obstacles sociologiques mérite d’être soulevé. Ces difficultés sociologiques résultent de la pluralité des tribus d’une part, et de la pluralité des langues d’autre part. S’agissant des premiers, il faut noter que l’Afrique compte aujourd’hui de plus de cent ethnies. Et cette réalité, bien que surmontable, pensons-nous, constitue un handicap pour l’unité de l’Afrique.
La diversité culturelle entre un Afrique de culture Arabe, et un Afrique sub-saharien, ainsi que la division du continent entre Francophone, Anglophone et Lusophone accentuent l’inquiétude de pouvoir former un seul Etat Africain. Ne faut-il pas se demander si dans cette société hétérogène ne va t-il pas se créer des maux affreux et effroyables tels le racisme, la xénophobie, le tribalisme, le favoritisme étatique… ? D’ailleurs, ce sont les mêmes problèmes qui sont à l’origine des conflits entre groupe ethnie à l’intérieur des Etats Africains. En principe, il est donc difficile d’envisager à l’heure actuelle, une unité des Etats d’Afrique aussi bien dans cette diversité culturelle et ethnique que dans cette réalité politique.
Hamidou SAID ALI Etudiant en Master Droit public et science politique Rabat - Maroc
|